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Var Gilles Mistral, berger depuis neuf générations

LA GARDE-FREINET (Var), 2 juin (AFP) - Chaque année, début juin, Gilles Mistral quitte le village de la Garde-Freinet pour accompagner ses 2.200 moutons sur les terres d'estive du col d'Allos, dans les Alpes de Haute-Provence, au terme d'une dizaine de jours de marche.

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"J'ai repris la transhumance à pied il y a dix ans par amour de ce métier. Ca fait partie de la vie et de la fierté du berger d'avancer avec ses moutons, son bâton et ses chiens", dit-il.

Chez les Mistral, on est berger de père en fils ou de mère en fils depuis neuf générations. "Il y a eu deux femmes bergers dans la famille".

La transhumance traditionnelle est aussi un argument économique. Un transport en camion l'obligerait à dépenser 2.400 euros de plus. "De plus, les moutons souffrent pendant le voyage et, en cas d'un trop grand écart de température entre la côte et la montagne, beaucoup meurent", dit-il.

La transhumance exige une sérieuse organisation. Il faut sept hommes et autant de chiens pour accompagner 2.200 moutons. Face à la difficulté de trouver des bergers, Gilles Mistral fait appel à des amis, les mêmes depuis dix ans. "Ils exercent une autre profession et m'aident sur leur temps de vacances pour encadrer les bêtes le long du parcours".

Le troupeau se déplace la nuit pour éviter la chaleur et la circulation routière. "Avant, des chemins de passage de 40 m de large étaient réservés aux troupeaux. Mais lotissements et piscines ont grignoté cet espace".

Au sommet du col d'Allos, les moutons occupent des prés en location. "Ca fait cinquante-trois ans que l'on va au même endroit".

Gilles Mistral est le dernier berger de la Garde-Freinet, à une vingtaine de kilomètres de Saint-Tropez. Les espaces libres y sont rares et les villas luxueuses, nichées dans les pinèdes, ont remplacé les terres agricoles.

"Pour faire pâturer les moutons, je dois les déplacer sur sept communes en les changeant tous les quinze jours. Chaque année, il y a de moins en moins de parcelles inoccupées. Les propriétaires préfèrent vendre à des promoteurs immobiliers", dit Gilles Mistral.

Ce manque d'espace l'oblige à laisser son troupeau le plus longtemps possible dans les Alpes. "Parfois jusqu'à la mi-janvier alors qu'un retour de transhumance s'effectue habituellement, au plus tard, à la mi-novembre".

Pessimiste sur le devenir de son métier en raison du faible rendement économique, Gilles Mistral se rassure en affirmant qu'être berger est "synonyme de liberté".

"Le prix de la viande baisse, celui de la laine est dérisoire. En 1950, le kilo de laine se vendait autour de 1,50 euros et un tondeur percevait 20 cts par mouton. Aujourd'hui, la laine est vendue moins de 50 cts d'euro et un tondeur reçoit un euro".

"Certes, il y a les aides européennes pour compenser mais elles font de nous des assistés", déplore-t-il.


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